Et si...

Dépitée, Bul l'est et le mot est faible compte tenu de tout ce qui se bouscule dans sa tête.
Quelques jours déjà qu'elle s'interroge, tourne et retourne mille questions dans sa caboche. Des questions auxquelles elle semble chercher des réponses et dont elle n'a pas envie de trouver les réponses.
La perception qu'elle a du monde est bouleversée.
Un peu d'exercice lui fera du bien !

Elle a entendu parler de cet escarpement rocheux, dangereux, difficile à gravir. Il est vrai que la roche est glissante. Loin de se décourager, elle commence l'ascension, d'un pas décidé, presque farouche ! Oui, grimper là-haut, tout là-haut, tel est son but immédiat.

Le soleil est haut dans le ciel, quelques gouttes de sueur perlent à son front, néanmoins, elle ne ralentit pas l'allure, bien au contraire.
Enfin, le sommet ! Courte victoire sur la nature !
Elle s'avance au bord, regarde en bas, avance encore... et si...
Tout en bas s'étale un tapis d'herbe fraîche, d'un vert tendre annonciateur du retour du printemps....

Invité

La saison était précieuse, la madeleine avait donc installé son campement à mi pente, sur le chemin de chevriers qui courait au sud, il lui fallait refaire ses réserves de plantes, et en cette saison de renouveau, la besogne ne manquait pas, elle ne rajeunissait pas et la remise à niveau du stock lui prenait plus de temps que dans sa jeunesse.
Habituellement elle croisait peu de monde, sauf là-haut, comme aujourd'hui.
Voilà bien longtemps qu'elle ne cherchait plus à comprendre les jeunes, ils s'échinaient à grimper cette paroi dangereuse, alors que le chemin de chevriers, s'il était plus long, et malgré tout pentu, il était tout de même moins ardu. Elle regarda la jeune femme, de dos, il lui semblait la reconnaître.
Elle allait passé son chemin, tranquille, elle se mêlait pas des histoire la vieille, sauf que la plante dont elle avait besoin était là, juste sur ce rebord, et qu'elle se sentait pas de remonter encore, donc ....
Elle approcha, par la droite, se tenant tout de même à une vingtaine de pieds s'agissait pas de l'effrayer. Se penchant à son tour par dessus le rebords, appuyée sur sa vieille canne.

Et ben pas gagné de redescendre par là, jeunette, c'est un truc à se rompre les os ça, tu crois pas?

Continue à regarder vers le bas, hochant la tête

Alors qu'elle se sentait toujours en équilibre, tellement attirée par le bas, elle s'amuse à pousser du bout de sa botte les cailloux au bord du précipice, ses yeux se perdent dans la contemplation de leur chute.
Grandeur et décadence des empires, en est-il de même pour tout ?
Et toujours ce noeud dans sa gorge, tant d'incompréhension, ou bien au contraire elle en comprend que trop bien les motivations de chacun, leur égocentrisme.

Pourtant, elle sait qu'elle a une chance infinie, Gengis est parfait...

Une voix rocailleuse l'arrache à sa rêverie, pas totalement inconnue la voix, mais elle ne parvient pas à y mettre un nom.

Et ben pas gagné de redescendre par là, jeunette, c'est un truc à se rompre les os ça, tu crois pas?

Curieusement, elle n'a pas envie de se retourner, elle regarde toujours les cailloux disparaître au bas du précipice. Pourtant, elle sent l'intrus se rapprocher, lentement, elle se tourne vers ce dernier et reconnaît la vieille chouette. Il ne manquait qu'elle ! Elle la terrifiait, depuis le campement, le traitement infligé à Lafa, ses paroles dures, le mépris qu'elle lui avait témoigné.

B'jour m'dame. Z'allez bien ? Que faites-vous ici ?

Invité

B'jour m'dame. Z'allez bien ? Que faites-vous ici ?

La vieille se rapproche doucement en s'appuyant sur sa canne, le panier accroché au bras.

Oh moi, j'fais mes cueillettes, pour les remèdes. D'habitude le p'tit, y m'accompagne, mais il a l'air occupé ses temps-ci l'sénéchal, j'le vois plus beaucoup, faut croire que sa tête va mieux, sinon y vient m'voir.

Se baisse pour ramasser une plante, puis se redresse et la glisse dans son panier, avance un peu plus loin, ramasse le même type de plante, souffle en se redressant pour la mettre dans le panier

Ah suis plus toute jeune moi.

S'asseoit lourdement sur un tronc tombé tout près

Et toi? Tu fais quoi par là? Parce que si tu t'ennuies, tu pourrais m'aider, on redescendrait l'chemin ensemble, et si tu veux on peux même causer, 'fin c'que j'en dis, sauf si t'as l'intention d'apprendre à faire l'oiseau, ....

regarde vers le précipice derrière la jeune femme.

Et voilà la vieille chouette qui s'installe à ses côtés. La Brunette n'a pas envie de lui faire la conversation, elle n'a pas envie de parler, à qui que ce soit ! Du bout du pied, elle continue à faire glisser des cailloux au bas de la falaise, fascinée par leur chute, le regard perdu au loin.

La vieille lui propose de l'aider à porter son panier, enfin, c'est ce qu'elle croit avoir compris. Elle n'est pas très claire, sûrement les effets de l'âge. Et la voilà qui se fiche d'elle, ou bien, a-t-elle lu ses pensées ? Bul rougit, son regard s'assombrit, se mouille de larmes qu'elle refuse de laisser couler.
Un frisson et elle se retourne vers la chouette.

Oui, bien sûr que j'vais vous aider, donnez-moi donc votre panier !

Elle lui prend le panier qu'elle glissé à son bras, lui prend le bras, l'aide à se relever...